En novembre 2015, Amazon a ouvert une librairie, un vrai magasin en dur, situé en plein centre de Seattle. Puis sont apparues d'autres grandes librairies en 2016 à San Diego et Portland, avec en projet la construction d'autres magasins à Chicago et Boston.
Après
tout, cela fait vingt ans qu'Amazon vend des livres avec le succès qu'on lui connaît, cela fait vingt années d'enregistrement de données clients qui doivent lui permettre de bien cerner les attentes des lecteurs... et surtout sur quels ressorts sont basés leurs actes d'achat. Alors pourquoi ne pas appliquer au monde réel
ce qui fonctionne dans le monde virtuel...
Faisons
d’abord un petit tour dans le magasin. Pas de doute, nous sommes chez Amazon, tellement l'agencement ressemble à un copier-coller du site web. Tous les livres sont présentés couverture visible, avec en dessous un panonceau mentionnant l’expérience lecteur (4 étoiles minimum pour faire partie du stock et être à la vente dans
le magasin), un extrait d'un commentaire d'un lecteur (tiré bien sur des commentaires web) et une étiquette "Si vous avez aimé ce livre, vous aimerez alors ceux-la"...
Au milieu du magasin, d'autres rayons affichent des gadgets ou des articles conçus par Amazon, des liseuses Kindle, des tablettes Fire, des assistants virtuels Echo, des casques audio, des enceintes sans-fil, etc...
Alors si Amazon ouvre un magasin, il doit bien y avoir une raison, autre que celle de dire que Jeff Bezos, son président fondateur est un amateur inconditionnel de livres.Mais Amazon ne communique pas sa stratégie... Alors quel but secret poursuit la société ?
Et si, au-delà de toutes les interrogations, il ne s'agissait seulement que ... de vendre, de vendre toujours et encore plus ?
Le marché de la vente en ligne de livres, de la lecture digitale, annoncé comme le fossoyeur des livres imprimés serait-il vraiment à la hauteur ? Il apparaît que les lecteurs en ont décidé autrement. La vente en ligne de livres numériques vient de chuter de 11 % en 2015 aux États-Unis alors que dans le même temps la vente de livres en librairie connaissait pour la première fois une hausse de 2.5 %. Alors peut-être que pour continuer d’accroître ses parts de marché dans le livre, Amazon mise sur un mix
vente en ligne-vente en magasin ?
Aujourd'hui le commerce en ligne représente moins de 10% du commerce de détail aux États-Unis. Vendre uniquement à travers le canal internet ne semble pas durable (notamment à cause des coûts de transport). Et puis l'utilisation toujours plus grande d'appareils portables, avec un écran plus petit, limite les possibilités de promotion d'articles multiples. Mais en même temps, les applications pour smartphones par exemple, avec leur connectivité constante et leur outils de messagerie instantanée offre aux vendeurs encore plus d’opportunités de communiquer et d'influencer les acheteurs. Aujourd'hui la tendance est d'avoir un ensemble vente-en-ligne, vente-en-magasin, applications mobiles. Et ça tombe bien parce que Amazon a l'infrastructure nécessaire aujourd'hui pour approvisionner des magasins en dur, mais qu'en sera-t'il de la qualité des vendeurs sur place...
Ah au fait... Il n'y a pas de prix sur les livres en magasin ! Celui-ci dépend de votre relation avec Amazon. Si vous êtes membre d'un quelconque programme Amazon, vous payez le même prix que si vous
aviez acheté le livre via internet. Sinon, vous payez le prix liste. A vous donc de trouver une borne pour scanner le code barre du bouquin, ou de regarder sur votre téléphone quel est le prix du moment sur le site Amazon.com. Et si c’était ça la véritable ambition d’Amazon, faire de vous un lecteur captif ?
Ce papier n'est ni une traduction, ni un résumé fidèle, mais une libre interprétation d'un article intitulé Amazon's next big move: take over the mall et paru sur le blog MIT Technology Review du 14 novembre 2016 (Auteur: Nicholas Carr). Mon intention est de permettre aux personnes ne maîtrisant pas la langue anglaise d'avoir accès à des informations provenant de sources diverses.